Hommage à la mémoire du Baron Charles-Ferdinand Nothomb 27 avril 2023

Hommage à la mémoire du Baron Charles-Ferdinand Nothomb,

Président honoraire de la Chambre des représentants,

Ministre d’Etat

Séance plénière du jeudi 27 avril 2023

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Mesdames, Messieurs,

Chers collègues,

 Nous avons appris le décès, le mercredi 19 avril dernier, du Ministre d’Etat Charles-Ferdinand Nothomb, Président honoraire de notre assemblée.

Avec Charles-Ferdinand Nothomb disparaît une personnalité hors pair qui aura marqué de son empreinte la vie politique belge pendant plus de trois décennies.

Cadet d’une famille de treize enfants, fils du Sénateur Pierre Nothomb, descendant de Jean-Baptiste Nothomb, chef de gouvernement de 1841 à 1845, Charles-Ferdinand Nothomb eut le privilège de naître dans une famille où la politique a toujours été présente et où le besoin de servir est pour ainsi dire inné.

Après de brillantes études de droit et de sciences économiques, il servit comme fonctionnaire en Belgique, au Congo et à l’ONU, puis comme membre des cabinets des Ministres Scheyven, de Stexhe et Wigny.

Pour diverse et étendue qu’elle ait été, l’activité de Charles-Ferdinand Nothomb n’a pas été dispersée. L’enseignement et la politique en furent en effet les axes principaux.

Après avoir exercé la présidence nationale des jeunes PSC de 1962 à 1965, il fit son entrée à la Chambre le 31 mars 1968 comme représentant de l’arrondissement d’Arlon-Marche-Bastogne. Il sera élu à neuf reprises à la Chambre de 1968 à 1995, avant de siéger au Sénat jusqu’en 1999.

Président du PSC de 1972 à 1979, il participera à la formation de nombreux gouvernements dans les années septante. Son art légendaire et presque florentin de la négociation l’a souvent rendu incontournable.

 Le 4 avril 1979, il devint président de la Chambre des représentants, fonction qu’il occupera jusqu’au 2 avril 1980.

Après un bref passage au Parlement européen, il fut nommé Ministre des Affaires étrangères dans les gouvernements Martens III et IV et Eyskens, de mai 1980 à décembre 1981. Nommé formateur par le Roi en décembre 1981,
Charles-Ferdinand Nothomb devint Vice-premier ministre et fut chargé du portefeuille de l’Intérieur et de la Fonction publique dans le gouvernement Martens/Gol de décembre 1980 à novembre 1985.

Il conserva les mêmes fonctions dans le gouvernement Martens VI auxquelles s’ajouta la Décentralisation. Ce fut une période plus difficile car il fallut faire des économies et opérer des restructurations avec un budget réduit.

Redevenu parlementaire, Charles-Ferdinand Nothomb succéda à Jean Defraigne, à la présidence de notre Assemblée du 10 mai 1988 au 21 mai 1995.

Son ardeur au travail, son dynamisme à toute épreuve et son imagination débordante firent de lui un président estimé.

Ainsi, nous lui devons entre autres la rationalisation du travail en commission, le renforcement des services législatifs et  l’introduction de l’informatique.

Il posa également les jalons d’une assistance aux parlementaires en convainquant le Bureau de la Chambre d’accorder une aide individuelle à chaque député.

Il aura aussi contribué à rendre la Chambre à la fois plus efficace et plus accessible en rendant la procédure budgétaire plus orthodoxe et en ouvrant davantage notre assemblée aux citoyens.

Fervent partisan d’une Europe fédérale, il aura joué un rôle important lors des Assises parlementaires de Rome en 1990 en plaidant notamment pour la réduction du déficit démocratique et le renforcement des relations entre les parlements nationaux et le parlement européen.

Il aura contribué à l’instauration et au développement de la COSAC, la conférence qui réunit deux fois par an des représentants des commissions pour les Affaires européennes des parlements nationaux et une délégation du Parlement européen.

A ses yeux, l’intégration européenne était une évidence, une nécessité. Les modifications de notre règlement afin de promouvoir l’examen des questions européennes par notre assemblée en furent une réalisation concrète.

Sa présidence de la Chambre fut marquée par la chute du Mur et la réunification de l’Allemagne au sein de l’Union européenne et de l’OTAN, événement historique s’il en est.  Selon lui, l’engagement européen et la loyauté atlantique n’étaient nullement  contradictoires mais bien complémentaires.

Le Roi le nomma Ministre d’Etat en 1995. En 1996, il exerça à nouveau pendant deux ans la présidence du PSC jusqu’en 1998. Après avoir quitté le parlement, Charles-Ferdinand Nothomb continua à prodiguer ses conseils à bon nombre de responsables politiques venus le consulter dans son fief d’Habay-la-Neuve.

Il resta également fort actif au sein d’un grand nombre d’associations servant les intérêts du Luxembourg, de la Grande Région et de l’Europe. Intelligent et réfléchi, à l’esprit curieux, il reprit en 2012 des études à l’UCL et y décrocha une licence en philosophie.

Charles-Ferdinand Nothomb était à la fois un « rural » et un « citadin ». Un « rural » ancré dans le sol luxembourgeois, attaché aux vertus terriennes, telles que la régularité, la sobriété, l’équilibre, le sens de la tradition et de la fidélité. Mais il était également un « citadin » doté de tout ce que cela suppose de flexibilité, d’urbanité, d’adaptabilité et de fébrilité communicative.

Charles-Ferdinand Nothomb s’est totalement investi dans toutes les fonctions qu’il a assumées. Ce chef-né, qui a connu des réussites et quelques échecs, s’est toujours efforcé de faire régner une discipline de consentement plutôt que d’autorité, n’ayant en vue que l’intérêt général.

Charles-Ferdinand Nothomb nous a toujours impressionnés par la force de ses convictions, son aptitude inépuisable à l’enthousiasme et son amour de la vie. En votre nom, j’ai présenté les condoléances émues de notre assemblée à sa famille dont je salue la présence parmi nous aujourd’hui.

Nous observerons une minute de silence à sa mémoire après l’hommage du gouvernement.

 Eliane Tillieux