Appui à la Chambre des représentants marocaine 23 septembre 2022
INTERVENTION DE Madame Éliane TILLIEUX,
PRÉSIDENTE DE LA CHAMBRE DES REPRÉSENTANTS,
DANS LE CADRE DU SEMINAIRE DE LANCEMENT DU JUMELAGE INSTITUTIONNEL
"APPUI A LA CHAMBRE DES REPRESENTANTS DU ROYAUME DU MAROC"
RABAT, LE VENDREDI 23 SEPTEMBRE 2022
Monsieur le Président de la Chambre des représentants du Royaume du Maroc,
Chers collègues de l’Assemblée nationale de la République française et de la Chambre des députés de la République tchèque,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs en vos titres et qualités,
Cher(e)s Collègues,
C’est avec plaisir que je vous retrouve aujourd’hui dans le cadre de ce séminaire de lancement du jumelage institutionnel entre nos assemblées et la Chambre des Représentants du Royaume du Maroc.
Eu égard au contexte international actuel, je me réjouis de la participation de la Belgique à ce projet comme partenaire junior, aux côtés de ses partenaires européens. Je demeure convaincue que la coopération et l’échange d’expérience sont la voie vers le progrès social et économique.
On ne saurait trop rappeler le rôle-clé que jouent les parlements dans l’édification et le maintien des droits démocratiques, d’autant que ceux-ci ne sont jamais à l’abri de violations ou de remises en cause. C’est pourquoi l’on gagne à promouvoir et stimuler encore les différentes formes de coopération interparlementaire, sous forme de visites, plateformes communes, conférences ou autres, parce qu’elles contribuent à faire évoluer les opinions, à favoriser l’échange de bonnes pratiques, à rapprocher les positions et à mieux s’entendre. C’est également là que réside toute l’importance de ce projet de jumelage institutionnel.
L’objectif de ce projet de jumelage est de contribuer à la réalisation par la Chambre des représentants du Royaume du Maroc de ses missions constitutionnelles telles que définies en 2011. Ce projet s’inscrit dans la lignée d’un premier jumelage parlementaire entre l’UE et le Royaume du Maroc mené avec succès entre 2016 et 2018 par l’Assemblée nationale française. Je suis convaincue du bon accomplissement de ce nouveau projet dont les activités ont déjà débuté cet été. Au mois de juillet de cette année, avec le concours de fonctionnaires de la Chambre des représentants de Belgique, un état des lieux de la gestion des ressources humaines ainsi qu’une analyse du droit et des pratiques en matière d’études d’impact ont été effectués. A l’issue de ces deux activités, des suggestions d’amélioration ont été soumises à la Chambre des représentants marocaine. La Chambre des représentants de Belgique est disposée à faire part de son expérience à divers égards : en matière d’évaluation en ligne des fonctionnaires parlementaires, de rédaction d’une charte de déontologie des fonctionnaires parlementaires, de bilinguisme des travaux législatifs, mais aussi en termes de représentativité des femmes. A cet égard, je profite de l’occasion pour vous faire remarquer que 3 femmes sont à la tête des parlements des pays européens représentés ici aujourd’hui, Mme Markéta Pekarová Adamová pour la République tchèque, Mme Yaël Braun-Pivet pour la France et moi-même pour la Belgique.
La Constitution du Royaume du Maroc de 2011 contient un socle important de valeurs communes avec les États européens. Parmi ces valeurs nous pouvons retrouver le pluralisme politique, la diversité culturelle, la promotion de la paix, de la solidarité et de la justice. C’est aussi sur ce socle de valeurs que se fonde ce projet de jumelage avec l’ensemble des institutions présentes aujourd’hui.
Depuis mon accession à la Présidence de la Chambre des représentants de Belgique, en octobre 2020, j’ai fait de la lutte contre les discriminations et plus particulièrement le renforcement de l’égalité entre hommes et femmes une des priorités de ma Présidence. Force est de constater que malgré le chemin parcouru, les femmes rencontrent toujours plus d’obstacles que les hommes et doivent sans cesse exposer leurs qualités et compétences professionnelles pour accéder au même poste. L’intérêt de la diversité de genre n’est plus à démontrer et pourtant ce plafond de verre est toujours bien présent.
Je ne peux donc qu’approuver l’inscription dans le programme de travail de ce jumelage d’ activités relatives à la participation des femmes aux travaux parlementaires et à la protection des minorités linguistiques. Je me réjouis déjà de la visite d’étude qui sera organisée à la Chambre des représentants de Belgique afin de montrer un exemple concret de bilinguisme dans une assemblée parlementaire et contribuer ainsi à la mise en œuvre au Maroc de la loi organique sur l’utilisation de la langue Amazigh.
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
La Chambre des représentants du Royaume du Maroc et la Chambre des représentants du Royaume de Belgique entretiennent de très bonnes relations et ont déjà signé un Protocole de partenariat le 10 juin 2013. La Chambre des représentants de Belgique a eu le plaisir d’accueillir en Belgique à plusieurs reprises le président de la Chambre des représentants du Royaume du Maroc.
Les relations entre la Belgique et le Maroc sont diverses et durables. Nos deux pays partagent des liens historiques forts dans divers domaines. Je songe notamment à la Bataille de Chastre-Gembloux, qui a été pendant trop longtemps injustement oubliée mais aussi à la Convention belgo-marocaine relative à l’occupation de travailleurs marocains de 1964.
Pendant la Seconde Guerre Mondiale, la Bataille de Chastre-Gembloux a été livrée entre l’Armée française et les Allemands, du 14 mai au 15 mai 1940, et constitue une éphémère victoire tactique qui aura néanmoins permis de retarder la progression allemande. Lors de cette bataille, nombre de soldats étaient issus du Maroc, d’Algérie et de Tunisie. Les soldats marocains s’étaient tous portés volontaires et 253 d’entre eux reposent dans la nécropole militaire située à Chastre. N’ignorant pas l’importance du travail de mémoire, la Belgique organise tous les ans la commémoration de cet épisode tragique en présence des ambassadeurs du Royaume du Maroc et de la République française.
En 2014, à l’occasion du 50e anniversaire de la Convention belgo-marocaine relative à l’occupation de travailleurs marocains en Belgique, signée en 1964, les présidents de nos deux Assemblées se sont rencontrés à Bruxelles. Cette rencontre a été l’occasion de faire le point sur les relations entre nos deux pays mais aussi sur l’évolution de la société belge, dont les personnes issues de l’immigration ont contribué à sa richesse et sa diversité.
Mais l’amitié belgo-marocaine ne se limite pas à nos relations bilatérales. Elle entend continuer à se forger par des initiatives communes. Nous avons notamment en commun la volonté de relancer cet important espace de coopération qu’est le partenariat euro-méditerranéen au sein duquel le Maroc joue un rôle important. Depuis 1995, le processus de Barcelone a fixé comme objectif la création de partenariats dans divers domaines entre les Etats des deux rives de la Méditerranée. En 2008, la création de l’Union pour la Méditerranée (UPM) est venue consacrer cet objectif et a permis l’implémentation de projets concrets visant à renforcer la stabilité, le développement humain et l’intégration régionale. Dans ce cadre, je salue l’initiative de l’Union pour la Méditerranée de renforcer la résilience et le leadership des femmes rurales marocaines dans le cadre du projet FLOWER. Plus généralement, la coopération entre les deux rives de la mer Méditerranée ne peut être que bénéfique et contribuer au bien-être de l’ensemble de nos citoyennes et citoyens.
La Chambre des représentants de Belgique est fière de pouvoir contribuer aux projets qui visent à renforcer l’efficacité des parlements. La participation à cet exercice démocratique sera, j’en suis intimement convaincue, enrichissante pour chacune des parties impliquées.
Je ne peux que réaffirmer notre engagement ferme au bon accomplissement de ce projet.
Monsieur le Président, je tiens à vous remercier pour votre invitation et l’accueil chaleureux qui nous a été réservé.
Je vous remercie pour votre attention.
Eliane TILLIEUX