Journée internationale des droits des femmes 8 mars 2024

Le 8 mars après-midi à Namur, j'ai pris la parole lors d'un colloque organisé par la Régionale de Namur-Luxembourg de la Confédération nationale des Prisonniers politiques et Ayants droits, intitulé "Femmes : les oubliées de l'histoire des conflits armés".

L'objectif ?

Vous trouverez ci-dessous ma prise de parole et ICI celle de Philippe Draize, membre du Comité de la Régionale.

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Mesdames, Messieurs,
En vos titres et qualités,

D’abord merci Madame Delhalle, pour ces mots de bienvenue, et surtout pour l’action que vous menez et l’initiative que vous avez prise de nous réunir aujourd’hui.

Je suis très heureuse d’ouvrir la journée de travail à l’initiative de la Régionale Namur-Luxembourg de la Confédération nationale des Prisonniers politiques et des Ayants droits, la CNPPA, centrée sur la mise en exergue des « femmes, oubliées de l’histoire des conflits armés ».
Fondée en 1946, la confédération joue un rôle majeur pour la préservation de la mémoire de la guerre et de ses atrocités, mettant en lumière ces traces si nécessaires encore aujourd’hui, peut-être plus que jamais, nous le sentons, hélas… Qui ne connaît pas l’histoire se condamne à la revivre dit-on…, mais qui la connaît doit aussi se battre, encore et toujours, pour la paix et la démocratie, si fragiles, si menacées sur la planète.
Les femmes et les hommes politiques doivent dans ce contexte exercer toute leur vigilance. Nous venons de fêter en 2023 le 75e anniversaire de l’obtention de la totalité des droits électoraux des femmes en Belgique et aussi celle du 75e anniversaire de la Déclaration Universelle des droits Humains qui, au travers de leurs articles, déclinent les Objectifs pour une Démocratie Durable.

Or, force est de constater que l’article 1 er de cette Déclaration est loin d’être la réalité en 2023 et notamment en ce qui concerne l’égalité entre les genres.
Vous savez que c’est un combat qui me tient à cœur depuis toujours, et que j’ai porté dans toutes les compétences qu’il m’a été donné d’exercer.
Il est évident que les femmes ont participé de manière importante à l’effort de guerre. On oublie trop souvent de dire que leur rôle tant pendant la première que pendant la seconde guerre mondiale a été déterminant pour notre pays notamment puisqu’elles ont servi de remplaçantes. Ce sont elles qui ont travaillé dans les usines, aux champs, dans les hôpitaux etc.

Bien qu’on les ait souvent oubliées dans les cérémonies patriotiques et le travail mémoriel en général, du moins dans les premières années, elles ont aussi été victimes des conflits. Comment ?

a) En restant seules à la tête des familles ;
b) En s’engageant dans la résistance et la clandestinité, prenant des risques évidents ;
c) En subissant des traitements spécifiques, comme des accouchements suivis de la séparation du bébé, des avortements forcés, les contraintes de la prostitution, les morsures de chiens qui étaient amenés dans les camps en étant dressés pour les « surveiller ».
d) Il convient aussi de noter une particularité discriminatoire : si les hommes, sur base du célèbre paragraphe 175, ont été détenus pour cause d’homosexualité en portant le triangle rose, les lesbiennes n’ont, elles, jamais été reconnues comme telles et, lorsqu’elles étaient accusées
d’homosexualité, elles étaient détenues en tant que « asociales », niant leur droit à une orientation sexuelle librement choisie ;
e) On peut aussi noter, de manière générale, que beaucoup ont souffert, même en restant libres, de la sous-alimentation et de la maladie, qui allaient souvent de pair.

Pourtant ce n’est que depuis une trentaine d’années qu’ont commencé à apparaître, venant du monde anglo-saxon, les études sur les femmes, notamment celles sur les femmes dans la guerre.

La sortie récente du film « Nelly et Nadine », film sensible et émouvant que nous allons avoir le plaisir de visionner dans quelques minutes, l’annonce d’un ouvrage documenté de Mme Claire PAHAUT, du Groupe Mémoire, des expositions récentes présentées en Belgique, notamment aux Territoires de la Mémoire et à la Caserne DOSSIN à Mechelen ont montré que des noms commencent à émerger de l’oubli pour les deux
guerres mondiales et qui concernent la Belgique.

En effet, il n’y a pas eu que Lucie Aubrac, Geneviève Anthonioz-De Gaulle, Germaine Tillon, Joséphine Baker ou Simone Veil qui toutes sont françaises. En Belgique, il y a eu par exemple Gabrielle Petit, Edith Cavell, Andrée De Jonghe, Louise de Bettignies, Marie de Croÿ, Thérèse-Marie de Radiguès, et d’autres encore. On peut aussi évoquer le réseau de la Dame Blanche, ainsi que le rôle de l’Union Patriotique des Femmes Belges qui fournissait de petits boulots aux femmes.

Je partage donc pleinement les objectifs de mettre au jour cette mémoire oubliée de manière générale, ainsi que de lancer une réflexion en vue d’identifier les femmes résistantes de la région de Namur qui pourraient être mises à l’honneur et dont les noms pourraient éventuellement être proposés pour la dénomination de rues ou d’espaces publics dans notre région. Il importe en effet d’en garder la trace et de souligner le rôle des
femmes dans ces tragiques circonstances de l’histoire.

Je vous souhaite ainsi des travaux particulièrement fertiles et à coup sûr très utiles, et serai attentive à continuer de soutenir votre action !
Belle après-midi  à toutes et tous !

Eliane Tillieux

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