14e Sommet des présidentes de parlement 8 et 9 septembre 2022
Je me suis rendue les 8 et 9 septembre passés au 14e Sommet des présidentes de parlement.
Ce sommet cherche à offrir aux femmes dans les postes décisionnels les plus élevés du parlement une occasion et un forum réguliers pour échanger idées et expériences en rapport avec leurs programmes nationaux et internationaux.
Cette année, il a été consacré au « Leadership parlementaire : anticiper les risques afin de garantir la pérennité et la prospérité ». Il s’est tenu à Tachkent, à l’initiative du Sénat de l’Ouzbékistan et de l’Union interparlementaire (UIP).
L’objectif était de se concentrer sur les domaines d'action prioritaires pour les dirigeants parlementaires afin de mieux assurer la durabilité et la prospérité tout en s'appuyant sur les enseignements tirés de la pandémie de COVID-19 et des crises connexes et en anticipant les risques futurs.
En effet, la reprise devra être forte, inclusive, verte et résiliente et les présidentes de parlement ont l'obligation collective d'agir et de coopérer ensemble pour créer un avenir plus juste.
A cette occasion, j’ai notamment révéler qu'un plan d'actions concrètes pour le gender mainstreaming est en cours d'élaboration au Parlement belge.
Voici la déclaration que nous avons rédigée ensemble :
Quatorzième Sommet des présidentes de parlement
Leadership parlementaire : anticiper les risques afin de garantir la pérennité et la prospérité
Palais des Congrès, Tachkent (Ouzbékistan)
8 et 9 septembre 2022
Organisé par le Sénat (Oliy Majlis) de l'Ouzbékistan et l'Union interparlementaire
Déclaration de Tachkent
Tachkent, le 9 septembre 2022
Nous, présidentes de parlement, nous sommes rassemblées à l'occasion du Quatorzième Sommet des présidentes de parlement à Tachkent (Ouzbékistan), les 8 et 9 septembre 2022,
(1) Reconnaissant notre rôle essentiel de chefs de file en faveur de la résilience des sociétés et de la pérennité et de la prospérité pour tous,
(2) Attirant l'attention sur le fait que la pandémie de COVID-19 a provoqué une multitude de crises et empiré celles déjà existantes, entraînant, à l'échelle mondiale, une augmentation de la pauvreté, des inégalités et des vulnérabilités et fragilisant les avancées en faveur des Objectifs de développement durable (ODD),
(3) Reconnaissant la contribution significative des femmes dans la réponse aux crises, qu'il s'agisse de la pandémie de COVID-19, de conflits armés ou de catastrophes
environnementales, bien qu'elles soient touchées de manière disproportionnée par les répercussions sociales, économiques et sociétales de ces crises et qu'elles soient souvent
mises à l'écart de la prise de décision,
(4) Réaffirmant la Déclaration de haut niveau adoptée lors de la cinquième Conférence mondiale des présidents de parlement qui s'est tenue à Vienne en 2021 et rappelant la nécessité impérieuse de construire l'avenir d'une manière qui prend mieux en compte la dimension de genre et d'établir un nouveau contrat social mondial en faveur de l'égalité des sexes permettant la participation pleine et entière des femmes dans tous les secteurs de la société,
(5) Réaffirmant également que la reprise économique mondiale doit être verte, innovante, tenir compte des services de soins non rémunérés et mieux intégrer les femmes, les jeunes et les enfants, les personnes handicapées et les communautés marginalisées afin de garantir un avenir meilleur pour tous et de renforcer la résilience à long terme,
(6) Conscientes que les avancées dans le domaine de l'économie numérique sont un élément clé de la résilience et de la reprise économiques et représentent une possibilité de progrès supplémentaire à condition d'être mises en œuvre d'une manière sensible au genre, tout en étant vivement préoccupées par les risques associés, tels que la fracture numérique grandissante, la surveillance à grande échelle, le harcèlement en ligne, les discours de haine et la violence, qui entravent les droits et les libertés des femmes et des filles,
(7) Considérant, sur la base des expériences de la pandémie de COVID-19, que la santé sexuelle et reproductive et les droits connexes des femmes et des filles sont particulièrement
menacés en temps de crise, les ressources et l'attention étant souvent détournées de ce sujet, et reconnaissant que la santé sexuelle et reproductive, les droits connexes et la justice sont des éléments centraux de la réalisation de la justice sociale et du respect des engagements mondiaux, régionaux et nationaux en faveur du développement durable,
(8) Réitérant l'engagement de la communauté parlementaire mondiale visant à concrétiser le Plan d'action de l'UIP pour des parlements sensibles au genre, dix ans après son adoption lors de la 127e Assemblée de l'UIP en 2012, comme moyen de veiller à ce que nos institutions soient en mesure d'assurer la pérennité et la prospérité pour tous,
(9) Reconnaissant le rôle de parlements sensibles au genre en ce qu'ils favorisent des lois sensibles au genre, renforcent la diplomatie parlementaire, la coopération pour le
développement et les efforts de paix et soutiennent l'éradication de la violence contre les femmes et les filles,
(10) Soulignant l'importance du leadership parlementaire, tout particulièrement exercé par des présidentes de parlement, pour ce qui est de l'accueil et de l'autonomisation des femmes au parlement, ainsi que de la réponse aux risques liés aux crises,
Nous engageons à :
1. Donner une ampleur accrue aux mesures concrètes, immédiates et fortes en faveur de parlements sensibles au genre qui répondent mieux aux crises grâce à l'égalité, à l'équité et à la pérennité :
- en procédant à une évaluation de nos politiques, procédures, structure et résultats parlementaires dans une perspective de genre, au moyen de l'outil d'auto-évaluation de l'UIP en vue d'évaluer la sensibilité au genre de nos parlements,
- en établissant et en mettant en œuvre, sur la base de cette évaluation, un plan d'action visant à rendre nos parlements plus sensibles au genre ;
2. Prendre des mesures concrètes, immédiates et fortes pour mettre en œuvre le Plan d'action de l'UIP pour des parlements sensibles au genre dans nos propres parlements :
- en s'employant à obtenir des nombres égaux de femmes et d'hommes au parlement et dans tous les organes parlementaires, y compris aux postes à responsabilité,
- en mettant en place des cadres juridiques et politiques solides en faveur de l'égalité des sexes,
- en intégrant la dimension de genre dans tous les travaux parlementaires,
- en mettant en place ou en améliorant une infrastructure sensible au genre et favorable à la famille et en favorisant une culture de respect de l'équilibre entre vie
professionnelle et vie personnelle, - en établissant et en mettant en œuvre des politiques qui s'attaquent efficacement au sexisme, au harcèlement et à la violence contre les femmes au parlement et en
assurant la promotion d'une culture de tolérance zéro en la matière, - en veillant à ce que la responsabilité de l'égalité des sexes incombe à tous les parlementaires, hommes et femmes,
- en œuvrant à l'égalité des sexes en partenariat avec les partis politiques et le personnel parlementaire ;
3. Soutenir les efforts visant à renforcer la participation des jeunes au parlement, en particulier des jeunes femmes, y compris à des postes de prise de décision et à responsabilité ;
4. Donner la priorité à la protection et à la promotion des droits et de l'autonomisation des femmes dans tous les aspects de notre travail ;
5. Renforcer notre capacité à mettre au point des démarches de travail décentes et sensibles au genre et à façonner une économie qui promeut la protection sociale des groupes en situation de vulnérabilité, tout en reconnaissant la valeur des services de soin non rémunérés ;
6. Plaider pour que la priorité soit donnée aux efforts visant à s'attaquer aux vulnérabilités résultant de carences en matière de santé sexuelle et reproductive et de droits connexes des femmes et des filles, en particulier dans le cadre des réponses aux crises et des efforts de reprise, et promouvoir et protéger l'accès universel à la santé sexuelle et reproductive et aux droits connexes comme prérequis de la réalisation de l'égalité des sexes, de la justice sociale et du développement durable ;
7. Veiller à ce que la reprise économique et sociale après des crises tienne compte des changements climatiques et s'inscrive dans la promotion de la protection de l'environnement ; 8. Promouvoir et protéger les droits et les libertés des femmes et des filles en ligne en pleine transformation technologique de l'économie, en particulier pour ce qui est de réduire la
fracture numérique, de promouvoir le droit à la vie privée et la liberté d'expression en ligne et d'éradiquer les discours de haine, le harcèlement et la violence en ligne ;
9. Enrichir, sur la base des résultats de notre Quatorzième Sommet des présidentes de parlement, les débats de la 145 e Assemblée de l'UIP à venir à Kigali (Rwanda), qui porteront
sur l'égalité des sexes et les parlements sensibles au genre comme moteurs du changement pour un monde plus résilient et pacifique.